ANNEXE 2
Evolution de l’urbanisme
Aménagement et rénovation de
la place des Fêtes
Exemple d’un processus de
concertation : le quartier Danton au Havre
La Ville de Paris souhaite engager un projet de réaménagement de la place
des Fêtes et de ses abords afin d’en améliorer l’aspect et l’organisation tout
en tenant compte des attentes des riverains et des usagers. Ce projet est une
belle opportunité : en quelques années, nous avons vu l’évolution des
quartiers situés plus bas (Stalingrad, Sainte Marte, Ménilmontant, République
…) et attendions que le vent du changement gravisse ces buttes de
Chaumont/Belleville. Les enjeux sont ici importants car la place des Fêtes est
au cœur d’un quartier à très haute densité résidentielle (plus de 2 fois
supérieure à la moyenne parisienne) : ce sont 17.000 habitants qui vivent
autour de cette place, soit l’équivalent de la population d’Albertville ou de
Joinville-le-Pont.
La volonté de la Ville de Paris de prendre en compte les attentes des
riverains et des usagers constitue également une très bonne nouvelle pour ce
quartier qui est un symbole de l’urbanisme moderne des années 1950/1970 où la
concertation n’a pas eu beaucoup de place.
Conscient de cette opportunité, l’association des Amis de la Place des
Fêtes regroupant des habitants, parents d’élèves ou usagers du marché s’est
constituée afin de prendre part aux discussions. En préalable aux ateliers
participatifs qui seront prochainement organisés par la ville, l’association a
entrepris un travail de questionnement sur son environnement au travers de
débats-publics, de promenades exploratoires, d’évènements festifs ou ludiques.
Les processus de concertation étant relativement nouveaux, ils restent
abstraits pour bon nombre d’entre nous.
Après avoir rappelé le contexte historique dans lequel s’inscrit le
projet de la place des Fêtes, nous présentons ci-dessous le déroulé d’une autre
concertation, celle pour le quartier Danton au Havre, afin de permettre de
mieux visualiser le déroulé d’une participation citoyenne en amont du projet de
réaménagement.
A l’entre deux guerre, l’état d’insalubrité de faubourgs et vieux quartiers
est tel que la France est probablement le pays dit développé ayant le plus fort
taux de mortalité. Après-guerre, la situation est toujours tendue, ce qui
pousse l’ancien ministre de la reconstruction, Eugène Claudius Petit, à
déclarer en 1953 : « ll n’y a
pas que les sinistrés de la guerre, ces derniers ne sont qu’après tout qu’1,5
million. Concernant les sinistrés de la vie, c’est 13 millions de taudis qu’il
faut remplacer ».
Du Plan Courant en 1953 à la circulaire Guichard en 1973, s’opère la
démolition de centres anciens au nom de l’hygiène et de la modernisation et la
production massive de logements selon des normes nouvelles. Votée au conseil de
Paris en 1957, le projet de la place des fêtes est un grand ensemble exemplaire
de l’urbanisme moderne et des rénovations urbaines qui, à l’époque, ont autant
vocation à résorber l’habitat insalubre qu’à lutter contre la menace sociale
qu’il incarne. L’opération est vaste et les méthodes volontaires :
démolition de 17 ha de tissus de faubourg constitué d’immeubles d’habitation,
de pavillons et de locaux d’activité, soit l’équivalent de 17 terrains de
football, et près de 6 500 personnes expropriées dont 200 seulement relogées
sur site reconstruit.
Projet de réaménagement
de la place des Fêtes = symbole d’un nouvel urbanisme ?
Plus d’un demi-siècle nous sépare aujourd’hui du vote du conseil de Paris
de 1957 et les modes de production de la ville ont évolué. Comme le notait
l’urbaniste François Ascher, « l’urbanisme
moderne est très marqué par la pensée
taylorienne et fordienne, recherchant la performance dans les économies
d'échelle, dans la simplification et la répétition des fonctions urbaines, et
leur affectation à des espaces dédiés ». L’urbanisme d’aujourd’hui
s’inscrit dans d’autres courants de pensées et s’organise suivant d’autres
systèmes de production.
Dans notre société de services actuelle, de nouveaux modes de management
ont pris place, basés sur une plus grande intégration du facteur humain et
cherchant la transversalité dans les processus productifs. Les capacités
d’amélioration, d’innovation, et d’intégration priment et les notions de
flexibilité, de complexité et de projet commun sont centrales. Enfin, la
multiplication des acteurs est également importante tout autant que la question
de leur coordination.
La mise en place d’un processus de concertation par la ville de Paris
permet d’inscrire l’évolution de cette
place dans une nouvelle aire. Il est en effet nécessaire d’opter pour
des modes plus itératifs, faits d’avancées par petites touches, par
aller-retour avec les habitants. Nous nous réjouissons à l’idée que le futur
projet pour la Place des Fêtes soit exemplaire de l’urbanisme d’aujourd’hui,
autant que la rénovation urbaine l’a été de l’urbanisme moderne.
Concertation
Au printemps 2012, le groupe d’animation du Conseil de quartier et la Direction de la Voirie et des Déplacements
(DVD) de la Ville de Paris lancent un questionnaire
afin de dresser un bilan des pratiques et ressentis des riverains de la Place
des Fêtes : 52 questions sont
réparties en 7 thématiques : 18 questions sont dédiées aux déplacements, 6
au commerce, 12 aux pièces d’art, 4 au mobilier, 4 aux espaces verts, 6 à
l’animation et 2 à l’évolution de la place. Ce bilan se termine avec une
dernière question laissant la porte ouverte à une vision prospective :
Comment voyez-vous le réaménagement de la place des Fêtes et de ses
abords ?
Fin 2013, la DVD lance une étude de programmation pour les aménagements des
espaces ouverts de la Place des Fêtes et ses abords. Cette étude est organisée
en 2 phases :
Phase 01 (4 mois) : Fin 2013, un groupement de prestataires va établir un diagnostic à partir d’éléments fournis par la DVD. En parallèle, le
groupement proposera différents
programmes et scénarii. La DVD et le groupement organiseront 4 ateliers participatifs avec le
Conseil de quartier et les habitants au long de cette première phase.
Phase 02 (2 mois) : En 2014 le groupement de prestataires illustrera les éléments de programme
et les différentes variantes retenues afin de préparer une consultation qui prendra la forme d’un référendum auprès des riverains de la
place des Fêtes.
Différents thèmes programmatiques avancés par la DVD seront exploités en
priorité par le groupement tel l’avenir des pièces d’art sur la place, les
usages existants (marché, manège) et usages à venir (équipements
sportifs/culturels), la définition de différentes typologies d’espaces verts,
les répartition d’espaces ouverts et fermés (résidentialisation, ouverture de
voie), les désenclavement d’espaces résiduels, l’amélioration de
l’ « anneau de circulation », le repérage, l’intégration des
projets des copropriété et des bailleurs, l’intégration d’éléments innovant
d’écologie urbaine.
Quelle forme prendront les ateliers participatifs ? C’est encore flou
et il faut aujourd’hui attendre le travail du groupement de prestataire pour en
connaitre les détails.
Exemple de concertation au quartier Danton du Havre
A titre d’exemple, la concertation menée actuellement au Havre pour la
requalification du quartier Danton est intéressante : le nombre
d’habitants concernés par cette opération est d’environ 10.000. La concertation
est menée par un groupement réunissant une agence d’urbaniste, un économiste,
un programmiste et des plasticiens.
Phase 01 (4 mois) : A la rentrée 2011 sont organisés des parcours commentés dans le quartier,
des installations artistiques et des cafés sur la place
pour interpeller les habitants. En
parallèle, le groupement élabore avec la mairie un diagnostic, un pré-programme
ainsi que les règles du jeu de la concertation à venir.
Phase 02 (4 mois) : En février 2012 sont organisés 8
ateliers participatifs dédiés au partage
du diagnostic, aux réflexions
thématiques, au test « en réel » sur maquette et à l’évaluation
des différents schémas d’aménagement. Deux des groupes de travail sont
organisés avec les résidents de la maison de retraite et les jeunes du collège
voisins. A l’issu de cette 2e phase, la Ville arrête un schéma de principe (les grandes lignes du projet).
Phase 03 (4 mois) : En juin 2012 débute une troisième phase dédiée à la restitution de la concertation par le biais d’affichage dans le quartier, de présentation au conseil municipal et
de séminaires avec les services. Au
bout d’un an de procédure est définie une ambition partagée déclinée en 5
objectifs (les grandes lignes du projet. Un bungalow, lieu d’information et de
concertation, est installé au cœur du site de projet et débute un
Phase 04 (3 mois) : En janvier 2013 débutent des entretiens réunissant le programmiste
et les services de la ville.
Phase 05 (2 mois) : En avril 2013 débutent des entretiens
réunissant les usagers et les habitants
Phase 06 (2 mois) : En juin 2013 débutent des ateliers
réunissant les usagers, les habitants ainsi que les services de la Ville sur les thèmes
suivants : voirie et déplacement / espace public central / végétalisation.
Des visites d’autres équipements sont organisées afin de réfléchir à la
programmation des équipements à réaliser sur site.
Phase 07 (2 mois) : A la rentrée
2013, les retours des consultations sont présentés au programmiste et aux élus.
Le programmiste élabore alors le programme définitif. En novembre 2013, un
accord cadre de maîtrise d’œuvre urbaine est attribué à un architecte-urbaniste
pour réaliser le projet d’urbanisme.
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